s'est assise à l'avant-dernier rang, derrière une dame extrêmement
chevelue, si bien que son fils ne l'a pas vue. Il présentait son premier
roman, «En finir avec Eddy Bellegueule», le carton inattendu de
l'année. Parti d'un tirage plus que confidentiel, il approche les
100.000 exemplaires vendus, et personne ne doute qu'il est déjà un petit
classique, avec son titre impossible à oublier, sa violence, son
impressionnante densité théorique et littéraire.Eddy Bellegueule :
l'auteur a longtemps porté ce blaze épique et invraisemblable,
typiquement picard. Tout récemment, il a changé son état-civil. Ce n'est
pas rien. Survetement Lacoste
Il a dû prendre un avocat, et supporter la défiance de
l'administration, qui n'aime pas les identités instables. Il s'appelle
désormais Edouard Louis. Le roman qu'il présentait aux chalands de la
Fnac laisse peu de doutes sur sa sincérité quand il dit vouloir en finir
avec Eddy Bellegueule, ce nom de pauvre dont il ne veut plus mais qui
le rend célèbre.Sa mère a une nouvelle fois entendu son fils raconter
son calvaire : être né homosexuel et efféminé dans le lumpenprolétariat
d'Hallencourt. Sept à la maison, avec le drapeau noir qui flotte sur la
marmite. Et le petit Eddy qui fait la fille. A ceux qui voient le genre
comme un choix, le livre montre à quel point il n'a rien choisi:Quand
j'ai commencé à m'exprimer, à apprendre le langage, ma voix a
spontanément pris des intonations féminines. Ralph Lauren Femme
Chaque fois que je prenais la parole mes mains s'agitaient
frénétiquement, dans tous les sens, se tordaient, brassaient l'air.Il
roule des hanches, préfère la danse au foot. Cette métamorphose
kafkaïenne version gender sonne le début de la mise à l'écart. La
famille moque ses «airs de folle». On n'a peut-être jamais lu une
dissection aussi clinique du sentiment de honte. Au collège, l'injure
est permanente. Deux brutes le persécutent chaque jour, lui crachent à
la gueule, lui cognent la tête contre le mur. Lacoste boutique en ligne
Le petit Bellegueule dissimule lui-même son martyre. Il donne
rendez-vous à ses bourreaux dans un couloir désert, pour ne pas être vu
pendant qu'on le frappe.Peu à peu, il se met à tout haïr: la télévision
constamment allumée chez lui, l'alcool omniprésent, la vulgarité
triomphante, les diatribes contre les «crouilles» et les pédés, le
virilisme, la méfiance vis-à-vis de l'école, de la culture, de la
médecine.Son récit est quasiment dénué de cette tendresse qu'on exige
des souvenirs d'enfance. «Ce n'est pas une trahison ou un reniement,
dit-il. On m'a mis dehors. C'est ensuite que j'ai fui.
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