2014年3月17日星期一

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s'est assise à l'avant-dernier rang, derrière une dame extrêmement chevelue, si bien que son fils ne l'a pas vue. Il présentait son premier roman, «En finir avec Eddy Bellegueule», le carton inattendu de l'année. Parti d'un tirage plus que confidentiel, il approche les 100.000 exemplaires vendus, et personne ne doute qu'il est déjà un petit classique, avec son titre impossible à oublier, sa violence, son impressionnante densité théorique et littéraire.Eddy Bellegueule : l'auteur a longtemps porté ce blaze épique et invraisemblable, typiquement picard. Tout récemment, il a changé son état-civil. Ce n'est pas rien. Survetement Lacoste
Il a dû prendre un avocat, et supporter la défiance de l'administration, qui n'aime pas les identités instables. Il s'appelle désormais Edouard Louis. Le roman qu'il présentait aux chalands de la Fnac laisse peu de doutes sur sa sincérité quand il dit vouloir en finir avec Eddy Bellegueule, ce nom de pauvre dont il ne veut plus mais qui le rend célèbre.Sa mère a une nouvelle fois entendu son fils raconter son calvaire : être né homosexuel et efféminé dans le lumpenprolétariat d'Hallencourt. Sept à la maison, avec le drapeau noir qui flotte sur la marmite. Et le petit Eddy qui fait la fille. A ceux qui voient le genre comme un choix, le livre montre à quel point il n'a rien choisi:Quand j'ai commencé à m'exprimer, à apprendre le langage, ma voix a spontanément pris des intonations féminines. Ralph Lauren Femme Chaque fois que je prenais la parole mes mains s'agitaient frénétiquement, dans tous les sens, se tordaient, brassaient l'air.Il roule des hanches, préfère la danse au foot. Cette métamorphose kafkaïenne version gender sonne le début de la mise à l'écart. La famille moque ses «airs de folle». On n'a peut-être jamais lu une dissection aussi clinique du sentiment de honte. Au collège, l'injure est permanente. Deux brutes le persécutent chaque jour, lui crachent à la gueule, lui cognent la tête contre le mur. Lacoste boutique en ligne
Le petit Bellegueule dissimule lui-même son martyre. Il donne rendez-vous à ses bourreaux dans un couloir désert, pour ne pas être vu pendant qu'on le frappe.Peu à peu, il se met à tout haïr: la télévision constamment allumée chez lui, l'alcool omniprésent, la vulgarité triomphante, les diatribes contre les «crouilles» et les pédés, le virilisme, la méfiance vis-à-vis de l'école, de la culture, de la médecine.Son récit est quasiment dénué de cette tendresse qu'on exige des souvenirs d'enfance. «Ce n'est pas une trahison ou un reniement, dit-il. On m'a mis dehors. C'est ensuite que j'ai fui.

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