2013年8月20日星期二

3Je balisais ce fermier Lunettes Carrera Femme

Je balisais ce fermier, ces trente moutons, ce ruisseau. Jeportais, à sa place exacte, cette bergère qu'avaient négligée lesgéographes. Quand je pris congé de Guillaumet, j'éprouvai le besoin demarcher par cette soirée glacée d'hiver. Je relevai le col de monmanteau et, parmi les passants ignorants, je promenai une jeuneferveur. J'étais fier de coudoyer ces inconnus avec mon secret aucœur. Ils m'ignoraient, ces barbares, mais leurs soucis, mais leursélans, c'est à moi qu'ils les confieraient au lever du jour avec lacharge des sacs postaux. C'est entre mes mains qu'ils sedélivreraient de leurs espérances. Lunettes Carrera Homme
Ainsi, emmitouflé dans monmanteau, je faisais parmi eux des pas protecteurs, mais ils nesavaient rien de ma sollicitude. Ils ne recevaient point, non plus, les messages que je recevaisde la nuit. Car elle intéressait ma chair même, cette tempête deneige qui peutêtre se préparait, et compliquerait mon premiervoyage. Des étoiles s'éteignaient une à une, comment l'eussentilsappris, ces promeneurs ? J'étais seul dans la confidence. On mecommuniquait les positions de l'ennemi avant la bataille… Cependant, ces mots d'ordre qui m'engageaient si gravement,je les recevais près des vitrines éclairées, où luisaient les cadeauxde Noël. Là semblaient exposés, dans la nuit, tous les biens de laterre, et je goûtais l'ivresse orgueilleuse du renoncement. J'étaisun guerrier menacé : que m'importaient ces cristaux miroitantsdestinés aux fêtes du soir, ces abatjour de lampes, ces livres. Lunettes Carrera Femme Déjà je baignais dans l'embrun, je mordais déjà, pilote de ligne, àla pulpe amère des nuits de vol. Il était trois heures du matin quand on me réveilla. Je poussaid'un coup sec les persiennes, observai qu'il pleuvait sur la ville etm'habillai gravement. Une demiheure plus tard, assis sur ma petite valise,j'attendais à mon tour sur le trottoir luisant de pluie, quel'omnibus passât me prendre. Tant de camarades avant moi, lejour de la consécration, avaient subi cette même attente, le cœurun peu serré. Il surgit enfin au coin de la rue, ce véhiculed'autrefois, qui répandait un bruit de ferraille, et j'eus droit,comme les camarades, à mon tour, à me serrer sur la banquette,entre le douanier mal réveillé et quelques bureaucrates. Cetomnibus sentait le renfermé, l'administration poussiéreuse, levieux bureau où la vie d'un homme s'enlise. carrera lunette
Il stoppait tous lescinq cents mètres pour charger un secrétaire de plus, un douanierde plus, un inspecteur. Ceux qui, déjà, s'y étaient endormisrépondaient par un grognement vague au salut du nouvel arrivantqui s'y tassait comme il pouvait, et aussitôt s'endormait à sontour. C'était, sur les pavés inégaux de Toulouse, une sorte decharroi triste ; et le pilote de ligne, mêlé aux fonctionnaires, ne se distinguait d'abord guère d'eux… Mais les réverbères défilaient,mais le terrain se rapprochait, mais ce vieil omnibus branlantn'était plus qu'une chrysalide grise dont l'homme sortiraittransfiguré. Chaque camarade, ainsi, par un matin semblable, avait senti,en luimême, sous le subalterne vulnérable, soumis encore à lahargne de cet inspecteur, naître le responsable du Courrierd'Espagne et d'Afrique, naître celui qui, trois heures plus tard,affronterait dans les éclairs le dragon de l'Hospitalet… qui, quatreheures plus tard, l'ayant vaincu, déciderait en toute liberté, ayantpleins pouvoirs, le détour par la mer ou l'assaut direct des massifsd'Alcoy, qui traiterait avec l'orage, la montagne, l'océan. Chaque camarade, ainsi, confondu dans l'équipe anonymesous le sombre ciel d'hiver de Toulouse, avait senti, par un matinsemblable, grandir en lui le souverain qui, cinq heures plus tard,abandonnant derrière lui les pluies et les neiges du Nord,répudiant l'hiver, réduirait le régime du moteur, et commenceraitsa descente en plein été, dans le soleil éclatant d'Alicante. Ce vieil omnibus a disparu, mais son austérité, son inconfortsont restés vivants dans mon souvenir. Il symbolisait bien lapréparation nécessaire aux dures joies de notre métier.

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